< Retour au blog

Derrière les fake news, différentes réalités

publié le 04/04/2019

Le désordre informationnel actuel se caractérise par trois dynamiques enchevêtrées à celle de l’information. Celle-ci se définit comme un message s’appuyant sur des faits vérifiés alors qu’un contenu est l’alliance d’un message et d’un support : audio, vidéo, image ou texte. Néanmoins, un contenu peut être vide d’informations s’il n’est étayé par aucun fait vérifiable.

Pis, il se peut qu’une information vérifiable et basée sur des sources crédibles soit manipulée. On parle alors de malinformation, l’objectif étant de produire des surinterprétations. Celles-ci sont généralement idéologiquement ou politiquement orientées : exemple des agressions lors du Nouvel An, le 31 décembre 2015 à Cologne, information reprise et amplifiée sur les réseaux d’extrême-droite. Toutefois, des raisons mercantiles sont parfois observables, à l’image des extrapolations des résultats d’études scientifiques afin de faire la promotion de solutions miracles.

Inversement, désinformation et mésinformation s’appuient sur un contenu faux. Dans le cas de la désinformation, le contenu faux est produit dans le but de tromper la personne qui le consulte, en vue de biaiser son jugement. Cela revêt aussi bien les actions de propagande que les canulars humoristiques (exemple du site satirique Le Gorafi). Le monde économique est également touché, comme le rappelle l’exemple de Vinci en novembre 2016, dont le cours en bourse chute brusquement après la diffusion d’un faux communiqué annonçant de mauvais résultats.

Quant à la mésinformation, le contenu faux relève d’une erreur et n’a pas été produit dans le but de nuire. Par exemple, en février 2015, une dépêche AFP annonce le décès de Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, démentie dans les heures qui suivent.

Ainsi, la nature du message doit être prise en compte et une infox peut s’appuyer sur des éléments qui ne sont pas tous faux. Elle s’inscrit dans un continuum d’éléments véridiques et d’autres vraisemblables. Il est également important d’interroger la nature humaine – le balancier allant de la malhonnêteté à l’incompétence – qui va permettre de préciser l’intentionnalité de l’émetteur de l’infox.

Autant de caractéristiques à prendre en compte afin de définir précisément le type d’infox auquel fait face une organisation et ses dirigeants. Sans cela, la réponse est inefficace, voire fragilise encore plus la réputation de l’entité et la crédibilité de ses responsables. D’autant que l’ère numérique permet une désinformation et une malinformation à la fois massives et individualisées, d’une efficacité redoutable.

L’article au complet, intitulé « La contre-information : quelle stratégie pour endiguer les infox ? » est à retrouver dans la troisième édition du Manuel de l’intelligence économique, ouvrage publié à l’automne 2019 sous la direction de Christian Harbulot.

———

Pour se renseigner sur l’offre de formation.

Pour nous contacter et nous suivre sur Twitter et LinkedIn.

Ces articles peuvent vous intéresser

Grand entretien avec la journaliste Géraldine Woessner : « Les discours simplistes, sans nuances, ont nourri le complotisme en France de façon sidérante »

Dans un entretien accordé à Infox.fr, Géraldine Woessner, Rédactrice en chef de l’hebdo Le Point, et co-auteure avec Erwan Seznec de l’ouvrage Les Illusionnistes (Robert Laffont, 2024), dénonce les dérives de l’écologie politique. Face à la crise climatique, elle appelle à ne pas...

Ingérence électorale : la présidentielle américaine dans le viseur de Pékin

Alors que les Américains doivent se rendre aux urnes en novembre, le régime chinois accentue ses efforts pour semer la division parmi les électeurs. Deux études publiées en avril et en septembre, respectivement par le think tank britannique Institute for Strategic Dialogue (ISD) et...

Grand entretien avec le fact-checker Sylvain Tillon, cofondateur de la page « C’est vrai ça ? » sur LinkedIn : « LinkedIn n’est pas vu comme un réseau d’influence dans le domaine de la désinformation. Pourtant, pour nous, ça l’est »

Dans un entretien accordé à Infox.fr, Sylvain Tillon, cofondateur de la page « C’est vrai ça ? », qui traque les infox sur LinkedIn, souligne que, contrairement à une idée très répandue, le réseau social préféré des professionnels est loin d’être épargné par la désinformation....