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La recherche du chaos, une motivation des diffuseurs d’infox

publié le 08/09/2023

Pourquoi certains internautes partagent-ils des infox sur les réseaux sociaux ? Selon une étude publiée en août 2023 et réalisée par quatre chercheurs américains des universités du Colorado, du Delaware et du Minnesota (Carleton College), la croyance et le « besoin de chaos » sont les principaux facteurs motivant le partage de théories complotistes.Un panneau avec la mention "chaos"

Trois motivations testées

À l’aide d’un questionnaire soumis à 3 300 adultes américains, les chercheurs ont tenté de déterminer les motivations ayant le plus d’impact sur « la volonté des gens de partager » des infox. Trois motivations ont été testées : d’une part, la volonté, pour un internaute, de renforcer ses croyances complotistes ou celles de son groupe (c’est le « partage motivé ») ; d’autre part, la volonté de susciter une action collective contre un groupe politique adverse (« sonner l’alarme ») ; et enfin, une volonté d’entrainer d’autres personnes dans un rejet global, tous partis confondus, du système politique en place (le « besoin de chaos »).

La croyance et le « besoin de chaos » : des motivations décisives, contrairement à l’appartenance partisane

Selon les auteurs, le partage d’infox sur les réseaux sociaux s’explique d’abord et avant tout par le fait que des internautes croient sincèrement à certaines théories complotistes. La volonté d’alimenter ses propres croyances ou celles de son groupe (« partage motivé ») serait ainsi la première des motivations à la diffusion d’infox. Un autre but peut cependant être poursuivi : celui de mobiliser d’autres internautes autour d’un objectif commun. L’étude indique que cet objectif est le plus souvent le renversement du « système ». Le « besoin de chaos » est ainsi, tout comme la croyance, étroitement lié au partage d’infox.

Les résultats concernant la variable « appartenance partisane » (« sonner l’alarme ») sont plus surprenants. Contrairement à ce que les chercheurs avaient anticipé, l’appartenance partisane ne semble ainsi pas jouer un rôle majeur dans la volonté de partager des infox. Autre découverte contre-intuitive, les militants les plus disposés à partager des infox sont ceux qui soutiennent la force politique dominante, c’est-à-dire le camp qui « gagne plus souvent qu’il ne perd ». À l’inverse, le sentiment d’appartenir au camp des « perdants » réduit, selon les chercheurs, la volonté de diffuser des infox.

En définitive, cette étude démontre que le partage d’infox sur les réseaux sociaux sert à mobiliser les internautes. En particulier, ceux qui croient déjà aux théories du complot et ceux qui souhaitent renverser l’ordre établi. Le recours aux infox pour dénigrer un adversaire politique semble, en revanche, plus marginal. Les auteurs préviennent toutefois que leurs conclusions reposent sur un échantillon de répondants non « représentatif à l’échelle nationale ». Des études complémentaires devront donc être menées pour éprouver la solidité de ces résultats.

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