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Twitter, une plateforme plus hermétique que les autres aux infox

publié le 29/10/2021

Facebook, Twitter, Instagram, TikTok… Les médias sociaux propagent des infox. Pour autant, au-delà de ce constat global, la probabilité pour un internaute d’adhérer à une théorie complotiste varie-t-elle en fonction de la plateforme qu’il utilise ? Une étude menée par une équipe internationale de chercheurs, parue en octobre 2021 dans la revue scientifique anglo-saxonne New Media & Society, permet de répondre à cette question. Le risque, pour un utilisateur, de croire à une fausse information serait ainsi moins élevé sur Twitter que sur d’autres plateformes.Logo Twitter et inscription Fake news

Des plateformes aux caractéristiques différentes

Chaque média social a des caractéristiques qui lui sont propres et le différencient de ses concurrents. Ces particularités « rendent certaines plateformes plus propices [que d’autres] au développement de croyances complotistes ».

Cette hypothèse constitue le point de départ de l’étude. Afin de la vérifier, les chercheurs proposent une comparaison des caractéristiques clés de cinq plateformes : les réseaux sociaux Twitter et Facebook, le site d’hébergement de vidéos YouTube, et les messageries instantanées Facebook Messenger et WhatsApp.

Il apparaît que ces plateformes se différencient les unes des autres sur deux points précis : le type de personnes suivies par les utilisateurs et les pratiques de modération de contenus, c’est-à-dire les mesures prises contre les contenus problématiques (infox, propos haineux…).

Le type de personnes suivies par les utilisateurs varie selon les plateformes. Sur Facebook et les messageries instantanées, les internautes sont majoritairement en relation avec des proches (famille, amis). A l’inverse, sur Twitter, les abonnements sont plus diversifiés (célébrités, responsables politiques, journalistes…). Aussi, les personnes suivies n’entretiennent souvent pas de liens directs avec l’internaute qui les ajoutent à son réseau. YouTube constitue un « cas particulier », notamment en raison de son positionnement par rapport aux autres plateformes. Ainsi, à la différence de Facebook ou Twitter, YouTube n’est pas un site vers lequel les internautes se tournent pour établir des liens sociaux. Les utilisateurs s’y rendent essentiellement pour visionner des vidéos.

Les pratiques de modération de contenus sont également différentes d’une plateforme à l’autre. Ainsi, Twitter, Facebook et YouTube n’hésitent pas à supprimer les contenus problématiques. Cette mesure n’est pas envisageable pour les messageries instantanées, qui sont limitées par la confidentialité des échanges, lesquels sont cryptés et privés.

Adhérer à des croyances complotistes : un risque présent sur toutes les plateformes

Comment ces caractéristiques influent-elles sur l’adhésion des utilisateurs à des croyances complotistes ? Pour le savoir, les chercheurs ont interrogé des internautes de 17 pays (16 pays européens, plus Israël) sur les médias sociaux qu’ils utilisent, et sur leur croyance en des théories complotistes liées au Covid-19.

Ce sondage s’est déroulé en deux phases : en décembre 2019 (28 317 répondants), puis entre mai et juin 2020 (14 218 répondants). Pour chaque pays, l’enquête a permis d’établir les plateformes les plus populaires, ainsi qu’un indice d’adhésion à des croyances complotistes.

Il ressort notamment de cette enquête qu’il n’y a pas d’association claire entre un taux élevé de croyance à des théories complotistes et la popularité, dans un pays donné, d’une plateforme en particulier. Parmi les territoires où Facebook est le plus populaire figurent, par exemple, à la fois des pays présentant un fort (Hongrie, Israël) et un faible (Danemark) niveau de croyance à des théories du complot.

Twitter, seule plateforme à faire reculer l’indice d’adhésion à des théories complotistes

Par ailleurs, les chercheurs constatent que Twitter est la seule des cinq plateformes étudiées à faire reculer l’indice d’adhésion à des théories du complot. Ainsi, tous pays confondus, l’utilisation de Twitter réduit l’indice d’adhésion à des théories complotistes de 4%, tandis que cet indice augmente de 3% à 5% sur les autres plateformes.

Selon les auteurs de l’étude, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce résultat.

Une première réponse est à chercher du côté du profil des internautes. Twitter rassemble ainsi des utilisateurs CSP+, c’est-à-dire issus des catégories socio-professionnelles les plus favorisées, les plus diplômées, et donc les mieux protégées contre les infox.

Une autre explication réside dans la nature des liens unissant les utilisateurs. Sur Twitter, les utilisateurs suivent le plus souvent des personnalités (journalistes…) non rattachées à leur cercle familial ou amical. Le cas échéant, ces personnalités n’hésiteront pas à corriger des informations erronées, quitte à perdre des abonnés. La situation est beaucoup plus complexe sur des plateformes comme Facebook ou les messageries instantanées. En effet, la crainte d’entrée en conflit avec un proche (famille, amis) rend difficile toute correction.

Ainsi, bien que les médias sociaux favorisent la diffusion d’infox, tous ne le font pas dans les mêmes conditions. En effet, les particularités de chaque plateforme (la nature des liens unissant un utilisateur et ses abonnées, les pratiques de modération…) influencent la manière dont une fausse information va circuler et être reçue. A cet égard, les caractéristiques propres à Twitter sont les mieux à même de limiter l’adhésion de ses utilisateurs à des théories complotistes.

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