Trois livres récents pour comprendre
l’enjeu des infox
publié le 13/02/2019
Le vertige des faits alternatifs, Les éditions Textuel, septembre 2018.
Une réflexion enrichissante du sociologue Arnaud Esquerre, sous la forme d’une discussion avec l’anthropologue Régis Meyran.
Les fake news pullulent. Pas seulement du fait des réseaux sociaux (raison technique), mais aussi par la place prise par le relativisme dans la pensée et la montée du populisme (prévalence des affects). Aussi, s’interroger sur le vrai du faux est trop binaire. Il est préférable de chercher à comprendre d’où vient l’infox, par qui est-elle portée, de quelles manières, vers quelles audiences et surtout, dans quels buts ? Il vaut mieux s’interroger sur les interactions sociales et rapports de force, montrant par là l’importance des récits et des effets du langage. Un ouvrage qui interpelle sur les notions de la vérité et de croyance, voire de manipulation mentale. Certaines vérités universelles sont dorénavant contestées, le relativisme porté aux nues, avec pour victime, entre autres, le vivre-ensemble.
Post-vérité : guide de survie à l’ère des fake news, Editions Plein Jour, octobre 2018.
Un essai didactique et percutant de Matthew d’Ancona, éditorialiste au Guardian.
L’effacement de la vérité n’est pas seulement la conséquence des stratégies de désinformation de certains ou de la guérilla numérique permanente sur les réseaux sociaux. L’auteur dresse un portrait accablant de la philosophie postmoderne française, qui a planté les germes du déni et de la paranoïa actuels, au détriment de l’honnêteté et de l’exactitude. Les valeurs de la démocratie, dont la citoyenneté, sont en jeu. Et leur défense est un combat politique et intellectuel. Comment vivre encore ensemble quand on n’est même plus d’accord sur la réalité ?
Propagande – La manipulation de masse dans le monde contemporain, Belin, janvier 2019.
Un ouvrage de référence, de la part de David Colon, professeur d’histoire à Science Po Paris, retraçant la grande Histoire de la propagande.
Plus qu’un processus, il s’agit d’une véritable science appliquée de la propagande. Elle se nourrit des progrès des techniques (outils de communication de masse), mais surtout des sciences humaines (méthodes pour comprendre l’individu et les foules, hier avec la psychologie sociale et comportementaliste, aujourd’hui avec les neurosciences). Loin d’être l’apanage des régimes autoritaires, la propagande et la manipulation de masse s’intensifient au gré des progrès des sciences et des techniques. Ainsi, l’ère numérique n’est pas le simple retour de la propagande, mais l’avènement d’une nouvelle propagande à la fois massive et individualisée, d’une efficacité redoutable. La surinformation induit une mésinformation : trop d’infos mélangées à trop d’infox. Dès lors, comment construire continuellement son esprit critique ?
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