Comment fact-checker les questions migratoires ? Regards croisés de chercheurs et de journalistes
publié le 11/02/2022
A l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue De facto migrations, intitulé « Les migrations dans l’œil des médias : infox, influence et opinion », le centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, l’Institut Convergences Migrations et l’association Désinfox-Migrations ont organisé, début février 2022, deux tables rondes visant à faire dialoguer des chercheurs et des journalistes autour du thème « Médias, migrations : la Fabrique de l’opinion ».
La première table ronde s’est concentrée sur le fact-checking et ses enjeux. Elle a donné lieu à une discussion entre le chercheur Emeric Henry, les journalistes spécialisés dans la vérification de faits Julien Pain et Céline Pitelet, et Tania Racho, directrice des formations chez « Les Surligneurs », un collectif non partisan d’enseignants-chercheurs en droit spécialisé dans le fact-checking juridique.
Selon Emeric Henry, économiste et enseignant à Science po, « entre 2010 et 2020, 7% des fact-checks dans la presse écrite portent sur les questions migratoires ». Les médias se sont ainsi largement saisis du sujet. Pour autant, l’impact de ces vérifications sur l’opinion publique demeure limité. Si le fact-checking permet de diminuer significativement la circulation d’une fausse nouvelle, il peine en revanche à corriger certaines croyances solidement ancrées. Dans ce contexte, les intervenants se sont interrogés sur la meilleure manière de faire du fact-checking.
Deux questions ont dominé les échanges. La première porte sur les chiffres. Quelle place les fact-checkeurs doivent-ils accorder à la vérification des données chiffrées ? Pour Julien Pain, rédacteur en chef et présentateur de l’émission de France Info « Vrai du Fake », « il ne faut pas se focaliser sur les chiffres et aller sur le fond du débat ». Il remarque que certaines personnes sont hostiles au principe même d’immigration et le resteront, quelle que soit la réalité des chiffres. Céline Pitelet, responsable du fact-checking dans l’émission de BFM TV « 2022 A l’épreuve des faits », estime quant à elle que « les chiffres doivent permettre d’ouvrir le débat sur des sujets de fond ».
La seconde question concerne la sensibilisation des plus jeunes à la lutte contre les infox. Plusieurs pistes sont évoquées. Pour Emeric Henry, il faut avant tout apprendre aux jeunes à adopter les bons comportements sur les réseaux sociaux. Par exemple, faire attention à ne pas partager des infox. Celine Pitelet insiste pour sa part sur la nécessité de rendre le fact-checking disponible sur les plateformes utilisées par les jeunes (TikTok, etc.). Quant à Julien Pain, il met en avant l’importance de restaurer la confiance des jeunes envers les journalistes et l’information.
Vous pouvez (ré)écouter l’intégralité des discussions en cliquant sur ce lien.
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